G. 1672 Из «Nouveau traité de Civilité» Антуана Де Куртэна

P.127. Si chacun prend au plat, il faut bien se garder d’y mettre la main, que les plus qualifiez ne l’y ayent mise les premiers; n’y de prendre ailliers qu’à l’endroit du plat, qui est vis à vis de nous; moins encore doit-on prendre les meilleurs morceaux, quand même on serait le dernier a prendre.

Il est necessaire aussi d’observer qu’il faut toûjours essuyer vostre cuillere quand, après vous en estre servy, vous voulez prendre quelque chose dans un autre plat, y ayant des gens si delicats qu ‘ils ne voudroient pas manger du potage où l’auriez mise, après l’avoir portée à la bouche.

Et même si on est à la table de gens bien propres, il ne suffit pas d’essuyer sa cuillere; il ne faut plus s’en servir, mais en demander une autre. Aussi sert — on à present en bien des lieux des cuilleres dans des plats, qui ne servent que pour prendre du potage et de la sauce.

Il ne faut pas manger le potage au plat, mais en mettre proprement sur son assiette; et s’il estoit trop chaud, il est indecent de souffler à chaque cuillerée; il faut attendre qu’il soit refroidy.

Que si par malheur on s’estoit brûlé, il faut le souffrir si l’on peut patiemment et sans le faire paraître: mais si la brûlure estoit insupportable comme il arrive quelquefois, il faut promptement et avant que les autres s’en apperçoivent, prendre son assiette d’une main, et la porter contre sa bouche, et se courvant de l’autre main remettre sur l’assiette ce que l’on à dans la bouche, et le donner vistement par derriere à un laquais. La civilité veut que l’on ait de la politesse, mais elle ne pretend pas que l’on soit homicide de soy-même. Il est tresindecent de toucher à quelque chose de gras, à quelque sauce, à quelque syrop etc. avec les doigts, outre que cela en même — temps vous oblige à deux ou trois autres indecences, l’une est d’essuyer frequemment vos mains à vostre serviette, et de la salir comme un torchon de cuisine; en sorte qu’elle fait mal au coeur à ceux qui la voyent porter à la bouche, pour vous essuyer. L’autre est de les essuyer à votre pain, ce qui est encore tres — malpropre; et la troisième de vous lécher les doigts, ce qui est le comble de l’impropreté.

P. 273. ...comme il y en a beaucoup (sc. usages ) qui ont déja changé, je ne doute pas qu’il n’y en ait plusieurs de celles-cy, qui changeront tout de même à l’avenir.

Autrefois on pouvoit... tremper son pain dans la sauce, et il suffisoit pourvu que l’on n ‘y eût pas encore mordu; maintenant ce serait une espece de rusticité.

Autrefois on pouvoit tirer de sa bouche ce qu ‘on ne pouvoit pas manger, et le jetter à terre, pourvu que cela se fist adroitement; et maintenant ce seroit une grande saleté...26)