Comme des Bêtes s’impose comme une comédie irrésistible en forme d’hommage bienvenu aux classiques américains des années 40-50. Savoureux.

Notre avis : Universal s’est chargé en 5 ans de se construire un catalogue d’œuvres originales, dans le but de les décliner en franchises, notamment dans le domaine de l’animation, où le studio numéro 1 en 2015, devant Disney, s’est fait un nom avec les deux Moi, Moche et méchant, et le spinoff Les Minions. Coopérant avec la petite structure d’animation à la réputation mondiale, Illumination Mac Guff, Universal peut désormais s’enorgueillir d’un nouveau triomphe commercial, Comme des bêtes. Ce nouveau venu s’est déjà distingué au box-office mondial avec des démarrages triomphaux, 103M$ en 3 jours aux States, pour un budget rigoureux de 75M$, 23M$ en une poignée de jours au Royaume Uni, où le film a eu sa première mondiale, et où il dépassera Zootopie en 15 jours d’exploitation. Cela est mérité.

Le sujet emprunte une formule propre à Pixar, à savoir donner une épaisseur psychologique aux animaux domestiques, dont on s’intéresse à la vie secrète quand leurs maîtres s’absentent. Une approche existentielle irrésistible qui n’est pas sans rappeler le sort des jouets laissés à eux-mêmes quand les enfants dorment ou qu’ils les délaissent, dans Toy Story.

A l’instar du Pixar mentionné plus haut, le thème est universel : les enfants grandissent avec des jouets et souvent en compagnie d’animaux domestiques, qu’ils soient chiens, chats et autres. Ils traversent les vies, et laissent des souvenirs aussi vifs que passionnants. Aussi la judicieuse promo du film distillée en une longue année par le service marketing de Universal a suscité les intérêts. Charmer, enchanter, séduire, faire sourire, voire rire, à travers des teasers opportuns, des extraits et des bandes-annonces percutantes qui ont fait l’unanimité, mais dont on pouvait redouter de montrer l’essentiel du film, tant de la trame que des gags. Il n’en est rien.

Sans être une tuerie décomplexée dans la comédie et le gag, Comme des Bêtes investit les cœurs en installant des situations connues qui ravivent à l’esprit les expériences du quotidien. Le bestiaire se déploie à l’écran, irrésistible, dans une animation qui prend le temps d’imposer son rythme, comme dans les comédies rocambolesques de Lubitsch et de Capra qui instauraient une certaine idée du bonheur, du bien-être et du vivre ensemble. On ne choisira point entre les chats et les chiens, qu’ils s’opposent ou s’associent, et l’on sera autant séduit par les personnages principaux comme secondaires, qu’ils soient qualifiés de "bons" ou de "mauvais", avec tout ce qu’il y a de gris au centre.

Le sous-texte est sûrement moins pertinent, moins fin que celui de Zootopie, auquel on pense forcément, dans l’incroyable catalogue d’animaux parlants qui est déployé. Cela n’enlève rien aux qualités artistiques du film qui ne cherche pas à plastronner en déployant ses techniques. Humble et sincère, la comédie de potes entre deux chiens que tout oppose et qui se retrouvent forcés à la cohabitation sous le même toit, puis perdus dans la ville, est un buddy movie enchanteur, de tailles variées, dans la ville et ses sous-sols ténébreux, habités par des alligators, une vipère à louer (on parle ici du culte...) et surtout un lapin, faussement trognon, qui carbure au taureau ailé, voué avec son équipe de parias sur pattes, à mettre un terme à l’hégémonie humaine.

Bref, on ressort enchanté par autant de dextérité technique et de personnages exquis qu’on adopterait pour la vie. Oui, même les adultes y trouveront des petites vies à aimer en compagnie de leurs enfants qui seront aux anges. Et au passage, le court métrage des Minions qui ouvre le show est bien plus drôle que le long métrage vu un an auparavant. Spectacle total, donc.