Les écoles kazakhes

Deux écoles, d’ouest et d’est, ont produit deux styles différents, tokpe et chertpe, qui se distinguent par leur thématique, leur composition et leur technique de jeu1. Ces deux styles ont induit des transformations de l'instrument.

Le style tokpe du Kazakhstan occidental (plus précisément de la péninsule de Manghychlak, des alentours de la mer d'Aral, des régions d’Aktioubé, d’Atyraou et de l’Oural), se caractérise par un jeu vif, sonnant et éclatant, la main frappant les deux cordes. L’instrument est une grande dombra, dotée d’une caisse de résonance ovale et d’un manche effilé, portant de douze à quatorze frettes. L’école tokpe a donné elle-même naissance à quatre principaux courants, ayant vu le jour au XIXe siècle sous l'influence de grands compositeurs de cette période.

Kurmanghazy (1818-1889), dont le conservatoire et l’orchestre national du Kazakhstan portent le nom, est le plus connu d’entre eux. On lui doit Sary-Arqa (un des noms de la steppe en kazakh), un kuï puissant qui évoque la steppe et le galop du cheval. Son courant a inspiré Dina Nurpeïsova (1861-1955), puis Rysbaï Gabdiev et Karchimbaï Akhmediarov1.

Dauletkereï (1820-1887), fils de khan, s’attache à traduire des sentiments amoureux (Qudacha), des allégories poétiques et des réflexions philosophiques, dans un tempo très adoucis, faisant appel à une virtuosité très contrôlée1.

Abyl (1820-1892) et Espaï sont les symboles de la péninsule de Manghychlak, et leur style se caractérise par la gestuelle et la virtuosité de la main droite, donnant une impression de fluidité1. On doit notamment au premier le kuï «Naratu» («le lancer de chameau». Ce style perdure aujourd’hui au travers des interprétations de Serjan Chakratov.

Kazanghap (1854-1927) incarne le style de la région d’Aktioubé. Ses compositions, empreintes de philosophie, traduisent une réflexion sur les thèmes de la vie et de la mort, du sens et de la brièveté de l’existence. Sa technique est celle d’un orfèvre, répétant thèmes et improvisations virtuoses. Abdulkhamid Raïymbergenov est son actuel héritier spirituel1.

Le style chertpes’est développé dans le centre, l’est et le sud du Kazakhstan. Il se caractérise par des pincements de cordes et un timbre mélodieux. Il exprime les émotions de l’âme humaine et traduit de fines esquisses psychologiques. L’instrument est plus petit que dans le style tokpe, avec un manche large et court, portant de cinq à neuf frettes. Certains instruments présentent une troisième corde autorisant des accords originaux1.

Tattimbet, de la région de Karaganda en est le symbole. Il utilise des variations répétées de plusieurs thèmes, au rythme libre et souple et sa ligne mélodique est une composition symétrique. On retrouve aujourd’hui ce style dans les interprétations de Magauja Khamzin.

Sugir (1882-1962), du sud du pays, s’est d’abord inspiré du style chertpe, avant d’emprunter au style tokpe son dynamisme, pour satisfaire le lyrisme traditionnel. Son école, très présente dans la région de Karataou est aujourd’hui représentée par Tölegen Mombekov.

Quelques dombristes kazakhs célèbres

Style tokpe.

Abyl (XIXe siècle), Karchimbaï Akhmediarov, Dauletkereï (1820-1887), Raïybergen Julekenov, élève de Kazanghap. Son fils Yshak Raïymbergenov et son petit-fils Abdullkhamid Raïymbergenov perpétuèrent son legs culturel

Kazanghap (1854-1927), auteur du kuï «Kökil»

Kurmanghazy (1818-1889), Najmetdin Mambetalin

Dina Nurpeïsova (1861-1955),Usen-Töre (XIXe siècle)

Chamchat Tulepova, Murat Uskenbaev (1904-1982)

Style chertpe

Magauja Khamzin (de la tradition de Tattimbet)

Tölegen Mombekov,Tattimbet (XIXe siècle) Télévision (style libre)

Ernar Kaldynov (connu grâce à Kazakhstan Idol en 2007)

Le nomadisme

Pasteurs nomades, les Kazakhs ont longtemps ignoré les frontières. À deux reprises, ils ont émigré par centaine de milliers en Chine : lors de la Première Guerre mondiale, après avoir été massacrés par les Russes parce qu'ils refusaient d'assurer l'intendance des lignes arrière, puis quand les Soviétiques les ont sédentarisés de force et voulurent collectiviser les cheptels.

La langue

La langue kazakhe appartient au groupe turc. Elle est étroitement apparentée aux autres langues d'Asie centrale : ouzbek, kirghize, ouïghour, turkmène, mais pas au tadjik qui fait partie du groupe iranien des langues indo-européennes.

Les Kazakhs ont utilisé l'alphabet arabe jusqu'à ce que le pouvoir soviétique impose l'usage de l'alphabet latin puis cyrillique. Ce dernier alphabet est toujours utilisé au Kazakhstan.

La langue kazakhe a subi, dans les ex-républiques soviétiques, l'influence du russe. Une part importante du lexique récent est constitué d'emprunts à cette langue. Il en résulte une certaine différence entre le kazakh parlé en ex-URSS et le kazakh parlé en Chine occidentale qui n'a pas été exposé aux mêmes influences au cours du XXe siècle.

Tous les Kazakhs ne maîtrisent pas parfaitement cette langue. Dans le nord du Kazakhstan, et surtout dans les villes ainsi qu'à Almaty, l'usage du kazakh a longtemps été supplanté par celui du russe et souvent limité au cercle familial. Au lendemain de l'indépendance du pays, le kazakh apparaissait comme une langue menacée. Le pouvoir en place a réagi en n'accordant le statut de langue officielle qu'à la seule langue kazakhe au détriment du russe. L'enseignement du kazakh est désormais obligatoire pour tous les citoyens du pays quelle que soit leur appartenance ethnique. Un grand nombre de néologismes kazakhs ont également été créés pour remplacer les emprunts au russe.

La religion

Les kazakhs sont traditionnellement chamanistes et ont été converti à l'islam sunnite de rite hanafite, probablement entre le VIIe et le VIIIe siècle et on estime que 70 % des Kazakhs sont musulmans Sunnites. L'influence chamane mongole lors des grandes conquêtes de Gengis Khan a également beaucoup influencé les traditions. Comme dans différents pays turcs, sous l'influence persane, Norouz (appelée Nawriz meyrami Науріз мейрамі localement), fête du Zoroastrisme reste la fête marquant le nouvel an issu du Calendrier zoroastrien. Il y a un groupe minoritaire Chiite très important, mais son pourcentage n'est pas connu. Au Kazakhstan, il n'y a pas de tensions entre les Sunnites et les Chiites, mais des tensions ethniques (par exemple, des tensions entre Kazakhs et Ouzbeks). Il y a 5 % de Kazakhs chrétiens orthodoxes (surtout dans le nord du pays), et protestants. Aussi, notamment du fait de l'histoire récente de l'URSS, il y a un grand nombre d’athées, ou d'incroyants, aussi bien chez les Slaves, que chez les Kazakhs ou les autres ethnies d'Asie centrale. Généralement, au Kazakhstan, la religion n'a pas une grande importance dans les foyers Kazakhs, et la pratique religieuse est rare (tous groupes confondus). On privilégie la vie sociale et familiale. Cependant, l'identité compte beaucoup, et est visible par l'usage d'une langue, selon son appartenance ethnique, dans les foyers. Dans la vie sociale, le Kazakh parle souvent deux langues, ou même, en connaît une troisième, ce qui est moins présent dans certaines zones très rurales, ou dans le sud du pays.

L'alimentationGASTRONOMIE

Le plat national Kazakh est le Beshbarmak (Besh, cinq ; Barmak, doigt). Il est composé de nouilles plates larges faites maison, de viande de cheval bouillie et d'un bouillon versé sur le plat.

Lépiochka, pain rond d'Asie centrale.Mantis, gros raviolis de viande cuits à la vapeur. L'alimentation kazakh est influencée par la cuisine russe et la cuisine turque. On y trouve des samossas, des chachliks, des salades russes. La viande de cheval y est couramment mangée bouillie ou en saucisson.Pour les boissons, on trouve le Koumis, lait fermenté de jument et le Shoubat, lait fermenté de chamelle. Le thé est également très apprécié. Le Kazakhstan est le pays d'origine de la pomme. (D'où le nom de son ancienne capitale, Almaty signifie "pomme", de son ancien nom Alma-ata, "père des pommes".)

Les kazakhs sont un peuple très accueillant. Il y aura toujours une place pour vous à leur table. Selon la tradition, on sert le repas sur une table ronde et basse appelée dastarkhan. On épanche sa soif avec

du kumys, boisson faite avec du lait de jument ou avec du shubat, à base de lait de chamelle. L’entrée traditionnelle, la sorpa, est une sorte de soupe épaisse avec des légumes et des épices, servie dans de grands bols. On trouve fréquemment de petits en-cas comme le baursak (boulettes de pâte frites), les samsas (triangles de pâte fourrés à la viande avec des légumes, ou encore du fromage) ou les kausyrma

(friands à la viande, aux oignons, raisins et fromage salé, le kurt). Le tout est arrosé de thé, boisson la plus consommée dans la société kazakh. Viennent ensuite divers plats de viande, de cheval ou de mouton selon les recettes locales: kazy et shuzhuk (saucisses de cheval), zhal (graisse de cou de cheval fumée), zhaya (viande fumée). Le plat national est le besbarmak, ce qui pourrait se traduire par "cinq doigts", puisqu’on le mange avec les mains. Il est composé de viande (découpée de façon traditionnelle), de pâtes (en forme de carrés) et d’épices (câpres, persil, coriandre). Tout repas qui se respecte se termine par le rituel du thé.

Koumis

Lait fermenté de jument dans un sac en cuir, pour obtenir l'aïrag. Le koumis, ou koumys1 (transcription du russe Кумыс, d'après kymys en kirghiz et qymyz en kazakh), appelé aïrag en Mongolie, est une boisson à base de lait fermenté de jument, originaire d'Asie centrale. Comprenant un faible dosage d'alcool, son goût très particulier est fort et fumé. Cette boisson peut se conserver jusqu'à deux semaines, son goût pouvant alors devenir beaucoup plus fort.

Description. Le koumis est produit au Turkestan, comme sur les plateaux et plaines kirghizes, à partir du lait des juments élevées par les nomades, puis revendu un peu partout dans le pays. La tradition veut que, si l'on entre dans une yourte, l'habitant en offre un bol à ses invités. Pour la préparation du koumis, le lait, une fois récupéré, est battu dans une baratte de bois préalablement enfumée, ou dans un sac en cuir de cheval. Il est ensuite conservé dans un autre récipient.

L'aïrag était déjà une boisson très appréciée des Mongols à l'époque de Gengis Khan.