Comment une météorite martienne peut-elle arriver sur Terre ?

La Russie veut coloniser la Lune… avec des robots

Les Russes prévoient d’installer, à l’horizon 2037, une base lunaire entièrement robotisée pour exploiter les minéraux, selon l’association russe Lavochkine, présente au salon du Bourget 2015.

La maquette d’une base lunaire futuriste, cernée d’une enceinte de panneaux solaires et peuplée de robots, trônait sur le stand de l’association russe Lavotchkine, au salon du Bourget, qui s’est achevé le 21 juin 2015. « Ce projet n’existe pas que sur le papier, assure l’ingénieur russe présent à Paris, nous sommes actuellement en train d’en réaliser les premiers éléments pour les lancer à partir de 2020 ».

Alors que sous l’administration Obama les Américains ont abandonné leurs ambitions lunaires, les Russes joueraient de leur côté la carte des robots, celle qui avait assuré leur suprématie durant les premiers épisodes de la course à la Lune dans les années 1960. L’enjeu cette fois n’est plus seulement d’explorer mais aussi d’exploiter. Exploiter les ressources minérales de notre satellite et notamment l’hélium 3, un isotope particulier de l’hélium (deux protons et un neutron) apparu aux premiers instants de l’univers et dont la fusion nucléaire satisferait potentiellement les besoins énergétiques de l’humanité. L’ennui, c’est que cet élément gazeux est extrêmement rare sur Terre, alors qu’on en trouve en profusion dans le sol sélène, déposé par les vents solaires.

En réalité, ce programme est dans les tuyaux depuis la fin des années 1990. Mais au début du millénaire, le spatial russe a vu ses ressources financières fondre et ses ambitions lunaires remisées, avant de ressurgir ces dernières années avec tout de même beaucoup d’incertitudes quant aux dates de lancement. Le premier élément qui doit être lancé vers la Lune, Louna-Glob, a été repoussé plusieurs fois depuis 2012 et l’on parle maintenant de 2018 voire 2020 pour le lancement de cet orbiteur chargé d’étudier l’environnement lunaire. Il est équipé de trois pénétrateurs japonais de 45 kg qui se ficheront dans le sol polaire de la Lune pour étudier sa sismicité.

Se succéderont ensuite à un rythme quasi annuel, si tout se passe bien, le rover Louna-Glob 2 qui explorera le pôle sud, la mission Louna-Grount composée d’un obiteur et d’un rover capable d’analyser le sol lunaire et éventuellement une mission de retour d’échantillons lunaires (Louna-Grunt sample return vehicle).

Le pôle Sud, un site privilégié. Ces missions d’exploration dans la région du pôle Sud sont le préalable à la création d’une base robotique ("Lunny Poligon" en russe) destinée à mettre au point les méthodes d’extraction des éléments du sol lunaire et mener par ailleurs des recherches scientifiques et technologiques. Le choix de l’installer au pôle Sud s’explique par la possibilité d’y trouver de la glace d’eau dans des cratères ombragés afin d’en extraire l’hydrogène nécessaire à la fabrication de carburant pour les vaisseaux de retour. C’est également une région constamment éclairée par le soleil, un critère important puisque les installations seront équipées de panneaux solaires. De plus, le pôle Sud a été désigné par les astronomes comme un site privilégié pour l’étude du centre de la Voie lactée.

A ce stade, qui nous mène à l’horizon 2037, et s’ils arrivent jamais à réaliser toutes ces étapes, les Russes – qui n’excluent pas une coopération internationale et des fonds privés- seraient fin prêts à se lancer dans l’exploitation à grande échelle des minerais lunaires. Enfin, cette première base lunaire pourrait servir de support logistique à une future base lunaire habitée. Mais cette dernière étape est encore à ce jour du domaine de la science fiction.

Comment une météorite martienne peut-elle arriver sur Terre ?

L'analyse d'un "caillou" martien retrouvé sur Terre a montré que la vie extraterrestre a pu apparaître sur la planète Rouge. Mais comment cette roche a-t-elle pu voyager jusqu'à nous ? Décryptage.

Début décembre 2014, nous relations les conclusions de chercheurs selon lesquels la vie serait très probablement apparue sur la planète Mars. Pour étayer ces propos stupéfiants, ils s'appuyaient sur la présence de produits chimiques issus de cette activité biologique au plus profond d'une roche... retrouvée sur Terre. Comme l'expliquent les chercheurs, l'origine martienne de ce caillou tombé sur notre planète le 18 juillet 2011 est attestée par une analyse de sa composition chimique. "La roche présente un profil très pauvre en terres rares "légères" (Scandium, Lanthane, Cérium... NDLR) caractéristique des roches que l'on trouve à la surface de Mars" expliquent les chercheurs dans la publication. Mais comment expliquer que ce caillou martien se soit retrouvé là ? Plusieurs lecteurs nous ont en effet posé la question :

Comment une pierre de dimension assez faible, sinon ce serait un bloc, peut elle se retrouver sur Terre ? Par quel mécanisme a-t-elle quitté le sol de Mars pour venir jusqu'à nous ? À l'inverse, une pierre terrienne de taille X peut-elle se retrouver sur Mars ?

Je voudrais que l'on m'explique pourquoi les pierres de Mars décideraient de quitter leur planète au mépris des lois de la gravitation pour venir s'échouer sur la terre. (...) Merci d'apporter un éclairage nouveau à ce sujet.

Vous dites qu'une météorite provient de la planète Mars. Comment un "caillou" peut-il avoir échappé à la gravité d'une planète ? De même, peut-il exister des météorites d'origine terrestre ?

Nous avons reposé ces questions à Philippe Gillet, chercheur à l'École polytechnique fédérale de Lausanne et co-auteur de l'étude. Son explication : "Un impacteur de relativement grande taille est venu frapper le sol martien suffisamment fort pour que des morceaux de roche soient éjectés hors de l'atmosphère martienne" nous résume le chercheur. Un peu comme des gouttes d'eau qui éclaboussent très loin lorsque vous jetez violemment un pavé dans une mare.

CARACTÉRISTIQUES. Les chercheurs ont même une idée relativement précise de la puissance de l'impact nécessaire pour projeter des fragments de roche du sol jusque dans l'espace. "La vitesse d'impact est proportionnelle à l'attraction qu'exerce la planète, explique Philippe Gillet. Sur Mars, on sait qu'elle est d'environ 8 à 10 km par seconde. En connaissant ce paramètre et en étudiant la dispersion et la structure des cristaux dans la roche, on peut alors estimer la masse de l'impacteur qui a frappé le sol de Mars et même en déduire la taille du cratère qu'il a laissé au sol", précise le chercheur.

"On estime que pour éjecter un fragment de roche comme la météorite de Tissint, il a fallu qu'un impacteur mesurant entre une centaine de mètres à quelques kilomètres de diamètre vienne frapper le sol de Mars" chiffre Philippe Gillet. Les roches sont alors violemment éjectées et suivent une trajectoire ballistique qui peut les emporter hors du champ de gravité de Mars. Les roches séjournent alors dans l'espace et y dérivent. Jusqu'à ce que certaines d'entre elles entrent dans le champ de gravité d'un corps céleste voisin. Durant leur séjour dans l'espace, ces fragments de roche qui étaient, avant l'impact, bien protégés dans le sol, se retrouvent alors exposés au bombardement de particules solaires. "Ce flux de particules impacte la matière et crée des isotopes particuliers qu'on peut quantifier de manière à estimer le temps de séjour d'une roche dans l'espace" détaille Philippe Gillet. "Celle de Tissint y a séjourné environ 700.000 ans avant d'atteindre le sol de la Terre" chiffre le chercheur.