Caractéristique grammaticales des mots

Caractéristique grammaticale du mot en français moderne. Les unités essentielles de la langue étroitement liées l'une à l'autre sont le motet la proposition. Les mots acquièrent dans la proposition une force particulière en tant qu'éléments de la communication. C'est en se groupant en propositions d'après les règles grammaticales que les mots manifestent leur faculté d'exprimer non seulement des notions, des concepts, mais des idées, des jugements. Dans la proposition les mots autonomes remplissent les fonctions de différents termes, dits termes de la proposition (du sujet, du prédicat, du complément, etc.). tandis que les mots non-autonomes établissent des rapports variés entre les termes ou les parties de la proposition. La faculté de former des propositions afin d'exprimer des jugements constitue une des principales caractéristiques grammaticales des mots.

Une autre particularité du mot consiste dans son appartenance à une des parties du discours. Ainsi on distingue les substantifs, les adjectifs, les verbes, les adverbes, les pronoms, etc. Les parties du discours sont étudiées par la grammaire : elles constituent la base de la morphologie. C'est à partir des propriétés des parties du discours que la grammaire crée les règles des agencements de mots, les règles qui sont le produit d'un long travail d'abstraction de la mentalité humaine. Il serait pourtant faux de traiter les parties du discours de catégories purement grammaticales En effet, les parties du discours se distinguent les unes des autres par leur sens lexical : les substantifs désignent avant tout des objets ou des phénomènes, les verbes expriment des processus, des actions ou des états : les adjectifs - des qualités, etc. C'est pourquoi il serait plus juste de qualifier les parties du discours de catégories lexico-grammaticales.

La composition morphémique des mots est aussi étudiée par la grammaire, pourtant elle a un intérêt considérable pour la lexicologie. La faculté du mot de se décomposer en morphèmes présente une des caractéristiques grammaticales du mot qui. en particulier, le distingue du morphème. Ce dernier, étant lui-même la plus petite unité significative de la langue, ne peut être décomposé sans perte de sens. Ainsi le mot amener comporte trois morphèmes : a-men-er, mais ces derniers ne se laissent pas décomposer en plus petites unités significatives. On peut seulement en déterminer la structure phonique, en isoler les phonèmes. Les phonèmes ne possèdent point de sens propre, ils ne servent qu'à distinguer les morphèmes (cf. : amener et emmener : mener et miner : tremper et tromper : lever et laver ; cacher, cocher et coucher). Ce sont principalement les mots autonomes qui se laissent décomposer en morphèmes. Quant aux mots-outils, dont beaucoup se rapprochent à certains égards des morphèmes, ils constituent généralement un tout indivisible.

Parmi les mots autonomes, il y en a de simples qui sont formés d'une seule racine. Tels sont homme, monde, terre, ciel, arbre, table, porte, chambre, etc. Ces mots pourraient être aussi appelés « mots-racines ». Plus souvent les mots contiennent une ou plusieurs racines auxquelles se joignent des affixes (les préfixes placés avant et les suffixes placés après la racine) et les terminaisons (ou) les désinences qui expriment des significations grammaticales. On distingue encore le thème (ouïe radical), c'est-à-dire la partie du mot recelant le sens lexical et précédant la terminaison à valeur grammaticale. Ainsi dans l'exemple : Nous démentons formellement ces accusations, le mot démentons comprend la racine -ment-, le préfixe dé-, le thème dément-, la terminaison -ons La racine recèle le sens lexical fondamental du mot. Le thème qui comporte tout le sens lexical du mot s'oppose à la désinence qui est porteur d'un sens grammatical.

Dans le français moderne le thème apparaît exclusivement dans la conjugaison des verbes qui ont conservé jusqu'à présent des traits de l'ancien synthétisme, tandis que dans les nominaux, depuis la destruction du système de déclinaison, le thème ne se laisse plus dégager, il coïncide avec le mot. Les finales des substantifs et des adjectifs telles que animal - animaux, paysan - paysanne ; blanc - blanche, fin -fine ne sont plus des désinences mais de simples alternances phoniques à valeur grammaticale.

Dans les travaux des linguistes français le terme « radical » s'emploie encore pour désigner la partie du mot à laquelle s'applique l'un ou l'autre affixe servant à former ce mot. Pour plus de précision il serait préférable de dénommer cette partie du mot par un terme spécial. Celui de « base formative » ou simplement « base » serait plus approprié. Ainsi contrairement au thème (radical) le terme « base » sera appliqué à l'élément du mot auquel s'ajoutent l'affixe ou les affixes formant ce mot. Par exemple, dans acclimatation la base formative sera présentée par la partie acclimat- à laquelle s'applique le suffixe -ation. Les bases fbrmatives peuvent être ou non en corrélation avec des mots indépendants. Elles sont respectivement appelées libres comme dans refaire, laitière, cache-nez (cf. -.faire, lait, cache, nez) et liées comme dans fracture, bibliothèque (cf. -.fraction, bibliophile, jilmothèque). À l'encontre du thème (ou radical), la base formative ne recèle guère comme règle, tout le sens lexical du mot.

Les affixes appliqués à la base peuvent tout simplement en modifier le sens. Tels sont les cas de jardinet, maisonnette, refaire. Plus souvent les rapports sémantiques entre la base et Faffixe sont plus compliqués ; dans ces derniers cas, on crée des mots qui se distinguent essentiellement par leur sens de la base formative. Ainsi le mot orangeade (f) ne désigne point une espèce d'orange, mais une boisson rafraîchissante au sirop d'orange : un poursuiteur n'est même pas une personne qui en poursuit une autre, mais plus spécialement un cycliste-spécialiste de la poursuite.

Donc, les affixes peuvent conférer aux mots qu'ils forment des sens lexicaux ; pourtant ils sont aussi des porteurs de valeurs grammaticales Ainsi, par exemple, les suffixes des substantifs ont pour rôle accessoire de marquer le genre : -et,-(e)ment, -âge forment des substantifs masculins ; -té, -ation, -ance (-ence), -ce, -ure, -ade - des substantifs féminins, etc.

Les racines, les affixes. les désinences sont des morphèmes II s'ensuit des exemples cités que les morphèmes peuvent être porteurs de valeurs de caractère différent : les racines ont une valeur d'ordre lexical. les désinences - des valeurs grammaticales ; les affixes - généralement des valeurs lexico-grammaticales. Quant aux thèmes (radicaux) et aux bases formatives, le nombre des morphèmes qui les constituent est variable il va de plusieurs morphèmes (cf. : relis-ez ; déplorable-ment), à un seul. Dans ce dernier cas il y a coïncidence avec la racine du mot dont ils font partie (cf. : patin-ans, patin-aire).