La métonymie, un des procedes de l'evolution semantiques des mots

La métonymie. La métonymie (du grec meta ~ « changement » et onotna - « nom ») est la dénomination d'un objet par un autre lié au premier par un rapport de contiguïté. Donc, le lien qui est à la base de la métonymie revêt toujours un caractère réel, objectif. Par métonymie on désigne un objet ou un phénomène essentiellement différent de l'objet ou du phénomène antérieurement désigné par le mot.

Le transfert métonymique peut être représenté de la façon suivante : abc -» def=> (abc) où les lettres minuscules rendent les indices notion-nels et le signe => indique l'existence d'un rapport sémantique. Illustrons ce modèle par l'exemple de table qui à partir du sens de « meuble formé d'une surface plane horizontale supportée par un pied, des pieds » a acquis par métonymie les sens de a) « nourriture servie à table » et de b) « personnes qui prennent un repas à table ». La figure de la métonymie, ainsi que l'exemple cité, témoigne que le sens dérivé suppose un rapport entre l'ensemble d'indices différentiels nouvellement surgis def-« nourriture » ou « personnes qui prennent un repas » et l'ensemble d'indices différentiels qui constituent le sens générateur abc - « table ». Ce rapport est différent : dans le cas a) il sera « qui se trouve sur ». dans le cas b) - « qui se trouvent autour de ».

Les métonymies se laissent classer en types variés selon le caractère du rapport qui leur sert de base. La plupart sont de caractère concret.

On prend aussi la partie pour le tout et inversement, le tout pour la partie. Ce genre de métonymies est appelé synecdoque.

L'homme peut être dénommé par une partie de son corps : C 'est une bonne tête I Elle travaille comme petite main (ouvrière débutante). C 'est un cœur d'or ' Quelle mauvaise langue ! Une barbe grise (un vieillard). Une vieille moustache (un soldat). C'est ainsi qu'ont été formés certains noms de famille : Lecœur, Pied, Lenez. On trouve souvent ce genre de métonymies dans les contes populaires du Moyen Âge : Barbe-Bleue, Fine-Oreille, Belle-Jambe.

Parfois les noms des vêtements, des armes, des instruments de musique ou leurs parties servent à désigner l'homme : une soutane (curé, nommé d'après la soutane qu'il porte) ; les robes noires - « moines.hommes d'église » ; un talon rouge (gentilhomme du XVIIe siècle) : on dira : un tambour, un violon, un clairon - pour celui qui joue de l'instrument, un glaive pour « symbole de guerre, de la justice divine, du pouvoir judiciaire ».

Les animaux sont aussi parfois dénommés par les parties de leur corps : une huppe (espèce d oiseau appelé aussi hochequeue).

Les cas où le tout .sert à désigner la partie sont plus rares. Signalons pourtant hermine, daim, loutre, chevreau où le nom de l'animal sert à désigner la peau ou la fourrure.

On prend le contenant pour le contenu et inversement : la ville était sur pied, toute la maison était en émoi où les mots ville, maison sont employés pour les habitants de la ville ou de la maison. On assiste au même processus pour théâtre, parterre, poulailler lorsqu'ils désignent le public ou pour le mot Chambre désignant l'ensemble des députés.

À tout moment on se sert des mots tasse, assiette, seau, etc. pour désigner ce que les objets respectifs contiennent.

Les cas où le contenant est dénommé par le contenu sont rares ; tels sont un café, un billard.

On prend parfois la matière pour la chose fabriquée : le carton n'est pas seulement une pâte de papier, mais aussi une boîte pour chapeaux ou chaussures et une espèce de portefeuille à dessin ; par le mot caoutchouc on désigne non seulement la matière, mais également les objets contenant cette matière ; les substantifs tels que fer, marbre, bronze désignent tout aussi bien la matière que les objets fabriqués avec ces matières.

On prend parfois le producteur pour le produit. Souvent un ouvrage, une création reçoit le nom de l'auteur ou de l'inventeur. On dit un Montaigne pour un recueil des œuvres de l'écrivain, un magnifique Rembrandt, un délicieux Corot pour une toile de ces peintres.

Le nom du producteur ou de l'instrument sert parfois à désigner la manière dont s'accomplit quelque action : ainsi avoir une belle main est employé pour « avoir une belle écriture ». parler une langue impeccable pour « parler correctement ».

Plus rarement le nom du produit est appliqué au producteur. Pourtant on désigne un animal par le cri qu'il produit : un coucou, un coq, un cri-cri.

Par certains noms de lieu on nomme des produits qui y sont fabriqués : du cognac, du tokay, du bordeaux, du cahors, du camembert, etc.

Un type très fréquent de la métonymie consiste à faire passer certains termes du sens abstrait au sens concret : ameublement - « action de meubler » désigne par métonymie l'ensemble des meubles : allée, entrée, sortie - « action d'aller, d'entrer, de sortir » et. par métonymie. « voie par où l'on va. l'on entre, l'on sort »

De même le nom d'une qualité abstraite peut s'appliquer à la chose ou à la personne possédant cette qualité : un talent, une célébrité, une beauté, une curiosité, une nouveauté, des douceurs, etc.

Au point de vue de leur fonction dans la langue les métonymies sont ; tantôt des dénominations directes d'objets et de phénomènes de la réalité f (boire dans un verre, acheter du camembert, c'est une nouveauté, tantôt des acceptions figurées avec souvent une charge affective ( une vieille barbe, une vieille moustache, une bouche inutile, une grosse tête). Donc, grâce a la métonimie les mots acquièrent un sens nouveau et enrichissent leur structure sémantique ou bien ils élargissent leurs possibilité combinatoires dans la cadre du même sens.

Parmi les sens nouvellement parus à la base d`une métonimie citons en guise d`exemple: dossier – “ensemble de documents concernant une personne, un projet, etc”; classe(s) de – “séjour collectif de classes entieres (d`écoliers, de lycéens) à la campagne, la mer, la montagne, etc” (cf. : classe de neige, classe de mer) ; chlorophille – “air pur, campagne”; vert – “relatif à l`agriculture, aux agriculteurs, aux problemes et à la politique agricole” (cf. : révolution verte, plan vert, marche verte) ; hexagone – nom donne a la France qui sur la carte “s`inscrit dans un hexagone presque regulier”.